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Vaincre ? Les Pôles ? Ils les ont vaincu ? Et maintenant…

Se retirer dans un monastère et faire vœu de silence ? Ascétisme ?

Gravir des montagnes pour atteindre les cimes ? Ascétisme ?

Conquérir les pôles ? Ascétisme ? Vivre dangereusement… pour se sentir vivre ? Obsessions ?  Variations sur le mythe d’Icare ? Dépassement de notre humaine condition ?

Pourquoi les hommes qui s’adonnent à ces extrêmes nous fascinent-ils ?

Déjà en 1905, Jean-Baptiste Charcot dans son livre « Le Français au pôle Sud posait la question :

« D’où vient l’étrange attirance de ces régions polaires, si puissante, si tenace qu’après en être revenu on oublie les fatigues morales et physiques pour ne songer qu’à retourner vers elles ? D’où vient le charme inouï de ces contrées pourtant désertes et terrifiantes ?« 

Préliminaire à la présentation de Chantal Edel, cette citation introduit deux récits de voyages adaptés par Charles Rabot et publiés en 1913 et 1914 dans le magazine Le Tour du Monde : récits de l’exploration du pôle sud par Roald Amundsen et Robert Falcon Scott réunis sous le titre :

Ils ont vaincu le pôle – Presses de la Renaissance, 2008

Qui a réussi et qui est mort, après avoir réussi à atteindre ce pôle onirique ? Aucune importance…

C’est le chemin qui est important et les mécanismes en marche dans la tête de ces hommes : « bourlingueurs du froid partant au nom du progrès sans souci du retour« .  Ce qui nous fascine ? L’homme mis à nu :  » pas de triche possible dans cette existence confinée qui met à nu les caractères« 

Mais la lecture de ces deux récits rédigés à une époque où le monde allait changer de manière irréversible pourrait être aussi le prélude à une prise de conscience des dangers qui menacent ces étendues désolées qu’elles soient aux pôle nord ou sud.  Après l’ère des records en tout genre, il est venu le temps de connaitre  réellement pour mieux protéger et tout simplement continuer à vivre… ensemble si possible.

Compléter ensuite la découverte des ces territoires et des hommes qui y vivent par les livres de Jean Malaurie serait une suite logique, comme ce Terre Mère qu’il a publié récemment et dont je vous ai déjà parlé dans un précédent billet :  » Pourquoi notre monde n’écoute jamais ses sages ?« 

Je ne peux m’empêcher de citer ce passage :

« Connaissance de l’autre et non voyeurisme. La compréhension ne peut naitre que de joies et de douleurs communes. La culture n’est en effet que le reflet de la vie… Encore faut-il la vivre. Saisir une civilisation en termes de destin est à ce prix. Il est urgent de réveiller le nomade que chacun porte en soi. C’est le devoir de l’historien, de l’ethnologue, du philosophe, d’en finir avec le temps des colloques, de sortir de ses musées et de ses bibliothèques pour aider l’homme à se découvrir un autre lui-même dans ces « vrais » voyages que sous-tend son imaginaire. » (Jean Malaurie, 1990)

Silence

Voir aussi un site consacré aux explorateurs.

Et cet article sur l’Année Polaire Internationale.

Cette critique est publiée dans le cadre de l’opération Masse critique du site Babelio.