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On dirait une ville, c’est un cimetière


Dans son recueil de poèmes « On dirait une ville« , Françoise Collin nous emmène dans un univers tout en contraste, où les villes sont des cimetières, où l’ange, comme l’oiseau, sont des charognards, où sous chaque vivant, il y a un mort, et où le grand curateur, celui qui fait tinter les clés du monde, comme elle l’appelle, ne remplit pas toujours ses fonctions d’ordonner le chaos, parfois, souvent, s’en va.

Les pauvres, ici, ne sont pas riches. Ils souffrent bien trop pour cela, et la poétesse est une éponge, un buvard, qui aspire à parler de la ville, de Paris, et de qui va qui vient.

Seule à Paris, seule un été à la campagne (le recueil se poursuit par « Chronique d’un été »), Françoise Collin regarde, flotte entre ses aujourd’hui d’hier, ceux de demain, et ses maintenant.

Des poèmes comme des points sur une vie.

« un roitelet

une mésange

un chat

une tache de soleil

les vaches ruminent

au milieu de leur pré

une prune tombe

femme assise à son miroir

femme assise à son écran

une vie de queue de cerise

la cloche sonne pour les morts

un chien aboie dans les collines

on s’arrange avec des mots

quand le vent casse les tuiles

on rit on pleure on étouffe

on court les routes en voiture

on revient dormir il fait nuit

des insectes collés aux phares

quand on shootera dans les betteraves

l’été sera fini

maintenant elles poussent

on a tout le temps

une vie avec des sandales

et une vie avec des bottes

une vie pieds nus dans l’herbe

quand on ramasse les fruits

une vie de rien du tout

pas même écrite

une bagatelle

une phrase serrée sur elle-même

des points sur les i.« 

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« On dirait une ville », Françoise Collin. – Des femmes, Antoinette Fouque, 2008

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Réjane

Cette critique est publiée dans le cadre de l’opération Masse critique du site Babelio.