« Mon pays des fleuves cachés » est mon pays. Celui de l’enfance. Celui de mon grand-père Laurent décédé il y a un an.
J’ai rejoint chaque été, et la rejoins encore, cette région secrète, inconnue des touristes, où le grand-père est né, où il a grandi.
« Mon pays des fleuves cachés » est aussi le pays d’enfance du poète Jean Tardieu (1903, 1995), de même que le titre du poème qu’il consacre à ce phénomène.
Le Rhône ne disparait plus aujourd’hui « en enfer ». Mais il a une petite soeur, une rivière de montagne, la Valserine, qu’on perd à un endroit dit : « Les pertes de la Valserine ».
Je vais régulièrement visiter ce lieu lunaire où l’eau court dans le secret de la terre.
A l’instar du poète, je vois dans cette fantaisie de la nature un aspect phare de notre accroche au monde.
« Simandre-sur Suran ! Lalleyriat ! » criait l’employé du train entre Nantua et Bellegarde. Et du fer de son marteau, il frappait sur les roues, dans l’air odorant et glacé.
D’autres noms de mon pays me reviennent, avec leur sonorité acide, qui rafraichit la mémoire…
Maintenant que son libre galop et ce front courroucé se sont brisés contre un mur de ciment et que son sang jusqu’à Genève dégagé s’est répandu au hasard dans la plaine, sa sœur, la Valserine, Perséphone fidèle, continue à descendre aux enfers pour renaitre écumante.
Toute ma vie est marquée par l’image de ces fleuves cachés ou perdus au pied des montagnes. Comme eux, l’aspect des choses, pour moi, plonge et se joue entre la présence et l’absence.
Tout ce que je touche a sa moitié de pierre et sa moitié d’écume. »
Au sujet du poème « au pays des fleuves caches », est-ce un poème intégral de Tardieux ou un poème de Rejane, dont le nom est inscrit dessous? De toute façon ce poème est très beau. Au milieux du poème il est dit: « c’est aussi le poème du poète Jean Tardieux ». C’est à cause de ce passage que je me pose la question, comme si Tardieux devait parler de lui a la 3ème personne… et les recherches faites sur internet n’ont rien donné. Merci de votre réponse.
Mags Barkats
bonjour oui c’est un billet qui cite le poème mais il n’est pas dans son intégralité… merci FQ